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Shoot and Kill
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Shoot and Kill
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10 juillet 2005

La Guerre des Mondes (War of the Worlds), 2005, Steven Spielberg, USA

wotw

Synopsis :
Bon, tout le monde connait un tantinet l'histoire je pense. Sinon : les E.T. débarquent sur Terre et ils sont moins jouasses que dans Rencontre du 3ème Type.

Je commencerai par ces simples mots qui mis bout à bout reflètent tout à fait mes sentiments vis-à-vis de la Guerre des Mondes : IT'S FUCKIN' GREAT ! Spielby nous pond le film qu'on attendait plus de lui. Après deux oeuvres légères et mélancoliques (pas forcément optimistes), on a ici le film de dark SF ultime. Tout simplement. Hommage aux séries B d'antan au premier abord, métaphore sur l'Amérique post-11 septembre ensuite mais surtout analyse de la cellule familiale en temps de crise. Car qu'on ne s'y trompe pas, c'est là-dessus avant tout qu'est basé WOTW, sur cette famille décomposée : le père (Tom Cruise) connait mal ses enfants, est presque détesté par son fils, et va pourtant devoir se rapprocher pour se sortir de l'apocalypse qui s'abat alors sur Terre. Pas d'inquiétude, on aura quand même le droit à notre quota de destruction massive.
L'intégralité du film est ancré uniquement du point de vue de cette famille en crise. Les personnes qu'ils "rencontrent "sont des passants, des étrangers. Chose extrêmement rare dans un film de ce genre où on a d'habitude le droit à un montage alterné permettant des points de vue multiples du drame. Les évènements qui surviennent ailleurs leurs sont inconnus donc à nous aussi. Nous découvrons tout en même temps qu'eux, d'où l'effroi qui se crée par cette situation ainsi que l'attachement qui nait presque obligatoirement. Le pari est osé, audacieux et fait partie des nombreux détails qui font que WOTW n'est pas un bête blockbuster estival. Incroyablement sombre et pessimiste, le film se permet des séquences stupéfiantes dont j'aurais cru Spielberg incapable il y a encore 2 ans. L'apparition du premier tripode est tout bonnement mon plus gros plaisir de salle de cinéma depuis 5 ans minimum : la mâchoire décrochée pendant 10 minutes, les larmes aux yeux et le sentiment d'être face à quelque chose de grandiose. Pourtant, ce qu'on voit est absolument horrible, l'attaque du tripode est le massacre qui en découle est un grand moment de violence froide et sèche. Filmée en plan-séquence s'il-vous-plait. C'est là qu'on voit que Spielberg n'est pas n'importe quel tâcheron s'évertuant à rendre spectaculaire une scène en multipliant les angles alors qu'il ne fait qu'en affadir la portée. Il suffit de regarder la fuite en voiture des trois membres de la famille : un long plan-séquence de 2 minutes tournoyant autour (et dedans !) de la voiture pendant qu'elle roule sur une autoroute bondée pour signifier le chaos qui découle de la séquence précédente, de l'incompréhension totales des enfants face aux évènements qui les submergent. Formellement et émotionnellement fabuleux.
Autre point positif du point de vue unique : l'absence des scènes quasiment obligatoire à tout film catastrophe qui se respecte. Pas de réunions d'un quelconque conseil gouvernemental (on ne sait jamais les décisions qui ont été prises), pas de plan ridicule visant à éliminer l'ennemi. Les seules apparitions des militaires se résument à empêcher la foule de paniquer et crever comme des merdes au sommet d'une colline. Car il s'agit bien de cela : l'impuissance totale de la race humaine devant une attaque à grande échelle. Le rapprochement avec de quelconques évènements actuels sont bien évidemment pas du tout fortuits. De même que le père qui refuse de laisser son fils partir se battre fait évidemment référence à l'interventionnisme américain. Mais je ne voudrais pas trop politiser mon discours, le fond est ce qu'il est. On remarquera aussi les diverses allusions à une chose qui tient tant à coeur à Spielberg : l'Holocauste. Les humains qui meurent par les lasers E.T. en laissant uniquement des cendres, le train apocalyptique en flamme (tout bonnement magnifique), la "pluie" de vêtements (que l'on retrouve aussi dans La Liste de Schindler, Spielberg aime à réutiliser des idées de ses propres films, on peut également le voir à la fin de WOTW avec le serpent métallique caméra qu'on peut rapprocher à la séquence de la cuisine de Jurassic Park où à celle des robots-espions de Minority Report). On signalera également que pour la première fois depuis longtemps, la musique de John Williams se fait quasiment oublier et est absente des scènes les plus spectaculaires pour accentuer leur réalisme.
Le film se voulant un minimum intimiste, il fallait que le casting soit impliqué à fond. Malgré tout le mal qu'on peut entendre de Tom Cruise, il reste un des meilleurs acteurs actuels (si tant est que ça veuille bien dire quelque chose). On aurait pu se dire (enfin on S'EST dit) : film catastrophe....Tom Cruise....héros sauvant le pays, la planète, le chien, les voisins, le lave-vaisselle et la corde à linge ? Rien de tout ça. Touchant dans son rôle de père dépassé par les évènements, il incarne simplement un citoyen lambda tentant de fuir loin de ce chambard grandeur nature (enfin planétaire). Qu'on ne vienne pas me parler d'hymne aux valeurs familiales et morales. On est vraiment très loin de ce genre de choses. Ray vole la dernière voiture en état de rouler pour s'échapper, refuse d'aider qui que ce soit (arrive alors LA scène la plus tendue du film avec le climax à son comble, véritable attaque de zombies en état de panique. Flippant), assassine un homme pour se protéger lui et sa fille. Incarnation de l'individualisme, symbole d'une Amérique triomphante mais plus pour très longtemps. Pas de quoi être fier donc. Parlons-en de sa fille d'ailleurs, incarnée par une Dakota Fanning qui m'épate de plus en plus (pourtant c'était dur de faire mieux que dans Man on Fire). Presque plus mature que le père, elle a cependant besoin d'être rassurée. Elle symbolise à la perfection ces ados voulant grandir trop vite et s'apercevant qu'ils sont finalement aussi faibles que n'importe qui. La séquence dans la voiture où elle laisse couler des torrents de larmes en voulant savoir ce qu'il se passe ne peut laisser indifférent, j'en avais le coeur qui palpitait personnellement. Quant au fils, je n'en parlerai pas énormément vu le peu d'impressions qu'il m'a laissé. Je citerai également Tim Robbins dont la présence dans le film n'est pas gratuite (rappellons qu'il fait partie de la liste noire des acteurs américains de par son implication dans la contre-propagande de la guerre en Irak). En faisant peut-être un peu trop dans le genre "la folie s'empare de moi", il n'en reste pas moins phénoménal durant la dernière partie confinée dans l'épouvante pure.
Alors oui, la toute fin du film peut paraitre baclée si on ne connait pas le bouquin, elle est pourtant identique à icelui. Seul détail qui fâche : le fait qu'aucun membre de cette grande famille n'ait disparu pendant l'affrontement (enfin l'extermination). Le fils qu'on pensait tous morts se retrouve comme par magie à la maison (qui n'a pas une éraflure) avec les parents et grands-parents en parfaite santé. C'est dommage vu que WOTW a durant plus d'1h50 versé dans le pessimisme le plus total. Malgré tout, le happy-end n'est pas complet : le père reste en retrait durant l'accolade des retrouvailles, il est toujours exclu du cercle familial et n'a absolument rien gagné à subir toutes ces épreuves. Tout ça pour ça...
La totale réussite de WOTW me fait attendre avec encore plus d'impatience le prochain Spielby (oui déjà, quel bosseur) : Vengeance, relatant le massacre de onze athlètes israéliens par le commando palestinien Septembre noir lors des Jeux Olympiques de Munich en 1972. Il continue donc dans une veine beaucoup plus sérieuse, et ce n'est pas pour me déplaire. Rendez-vous en décembre. Hé hé, farpaitement, décembre.

Trailer

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Commentaires
E
Tu m'as mal compris. Je situe très bien la scène dans WOTW, mais pas dans schindler's list.
D
Après le naufrage du bateau, la petite famille regagne le rivage à la nage. Ils gravissent ensuite une colline où ils peuvent avoir un aperçu global de la situation avec des tripodes dévastant tout sur leur passage. Et c'est là qu'une pluie de vêtements brûlés leur tombe dessus.
E
je m'en souviens pas, elle est à quel moment exactement ? Les cendres ça oui je les ai vu, mais les vêtements...aucun souvenir :/
H
La premiere fois que j ai vu le film, quand je suis rentrer, j etais exiter... je n ai pas ete decu...<br /> Quand je suis allez le voir une 2eme fois, j etait impatient...<br /> Mais quand j y etais pour la 2eme fois, j etais terrifié, presque a sortir de la salle (bon j exagere un peu), tellement je savais que ce qui allez arriver etait effrayant...
Q
Même sentiment que toi au sujet de l'extraction du tripode. Incroyable scène qui m'a laissé bouche bée pendant toute la durée de la scène. Un des plus grand moment de ma vie au cinema, assurément.
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