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Shoot and Kill
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21 août 2005

Love Song for a Rapper (Rappaa Bojou), 2003, Sho Fujiwara, Japon

lovesong

Synopsis :
Une famille désorientée...une mère et ses trois fils....
Le plus jeune, Ma-Kun a pour passion le base-ball mais est incroyablement nul et trouve une échappatoire en se gavant de chips et de coca.
Le suivant, Ken, dessine des mangas mais n'a aucun talent.
L'aîné, Toshio, qui a quitté la maison, voulait devenir rappeur et a soit-disant un "grand projet" en route.
Ce qui les attend n'est rien par rapport à ce qu'ils vivent déjà.

Film indépendant voire underground, Love Song for a Rapper sera sûrement rejeté en bloc par beaucoup de monde. Sa radicalité, que ce soit au niveau technique ou artistique, y est pour beaucoup. De par ce fait, et de par son sujet, on peut le rapprocher du Visitor Q de Takashi Miike : une sorte d'analyse de la cellule familiale japonaise dans toute sa décrépitude qui montre bien que le pays du soleil levant n'est pas que symbole de pop mielleuse et de pokemons. Les deux diffèrent cependant pour ce qui est de la forme : DV 1:33 pour Miike et Betacam en Scope pour Fujiwara (superbe travail de montage d'ailleurs). Tourné avec de faibles moyens, le film compense par les nombreuses idées (narration, mise en scène) qui le jalonne tout du long.
Faisant preuve d'un cynisme incroyable, le film montre le Japon des perdants. Tout le monde est dans la détresse économique (personne ne travaille, la mère vole de la nourriture pour son fils), le peu de choses heureuses qu'ils leur arrive est automatiquement gâché par un comportement stupide (après avoir rencontré une fille simple d'esprit qui veut bien de lui, Ken saborde leur relation en voulant absolument un rapport anal). Pas un qui n'arrive à se dépêtrer du désespoir dans lequel il vit. Certains essaient bien sûr. Ken, toujours lui, désirant à tout prix faire carrière dans le monde du dessin va montrer ses planches, désastreuses, à un éditeur. Vexé par son refus, il va se mettre à le harceler téléphoniquement (24 500 appels !). Il sera arrêté par la police puis jeté en prison. A sa sortie, il sera considéré comme un paria. Après que son frère soit devenu aveugle à cause d'une agression basée sur un malentendu (un père à qui on a dit que Ma-Kun avait violé sa fille), son seul désir sera de l'aider à se mouvoir sans l'aide de personne pour pouvoir continuer le base-ball malgré sa cécité. Ces séquences, s'inspirant des entrainements des films de kung-fu, sont le point d'orgue du film et font preuve d'un tel pathétisme cruel qu'il est impossible de ne pas rire jaune.
Déjà très peu cohérent dans sa construction (volontairement), le film va basculer dans la folie furieuse lors d'une dernière partie au surréalisme et aux débordements gores totalement assumés. Sûrement la seule échappatoire possible à toute la misère des personnages voire du film. Le paysage volcanique donne l'impression d'assister à un cauchemar éveillé dont il est impossible de s'enfuir. Comme si la méchanceté dont faisait preuve la totalité des personnages s'était transformée en une entité vivante dévastant tout sur son passage. Love Song for a Rapper n'est définitivement pas un film à mettre devant tous les yeux, pas tant pour sa violence que pour sa radicalité extrême à tous les niveaux (retour au point de départ, le première critique à lire en boucle continue).

love_song_for_rapper_affiche1

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